C'est comme ils disent, lorsque rien ne bouge, quand tout n'est qu'éclat de pureté : calme et volupté.
Pas une secousse n'ébranle la tranquillité de celui pour qui tout va d'un calme olympien.
Il ne saurait trouver quoi redire, et n'y songe point.
Il a un passé et un avenir mais dans ce présent qui dure depuis si longtemps, il se couche et se réveille semblable à celui qu'il était et semblable à celui qu'il sera.
Tout est parfait où rien ne bouge. Pourtant chaque heure passant le flambeau à sa sœur perd tout son sens dans l'exacte similarité d'une répétition perpétuelle. Ces heures là sont en mouvement, pense-t-il, désignant par les aiguilles le seul battement de son présent.
C'est immobile. Il n'émane de lui aucun vrombissement, nul autre bruit que celui si léger de sa discrète respiration. Il remarque qu'il respire mais ne fait jamais de buée. Il peut voir la pluie clapoter sur son cube de verre, mais en dedans rien ne le touche. Les gouttes perlent, caressant la cloison. Il ouvre la bouche, mais rien ne lui arrive et la pluie qui s'abat tout autour ne perçoit même pas l’existence de cet être à l’abri.
Personne ne le sent, il est figé, ne créant aucune vague, ne diffusant aucune onde. Il est si paisible, il vit sans peur, sans contrainte, il aime et se sait aimé. Il n'a d'autre but que celui d'exister dans la plénitude d'un blanc immaculé.
Une tâche. Cela le tente mais rien n'accroche, un spot de couleur ne travestirait pas longtemps la blancheur immuable des parois de son antre.
Il voudrait faire jaillir des éclats, vibrer des tourments, exploser de joie et déchirer le temps. Mais pourquoi tout est si blanc? Et n'ai-je donc point le droit de croire au noir? Le noir si profond, si touchant, celui qui nous pénètre au dedans et n'est-il pas d'espoir qui ne naquisse du noir, s'extirpant de lui comme un enfant fendant le ventre de sa mère pour trouver la lumière? .
Toute cette lumière, il sombre.
Il le découvrira, il n' y a que dans l’extrême que l’on puise suffisamment de forces pour se permettre l’audace de s’évader à la couleur, de passer du blanc au noir intense et brulant. Et s’envoyer en l’air, en l'air transparent.