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La Fontaine de Jouvance

par Le Curator 22 Janvier 2018, 14:44

La Fontaine de Jouvence - Lucas Cranach, 1546 et toujours pas une ride

La Fontaine de Jouvence - Lucas Cranach, 1546 et toujours pas une ride

La Fontaine de Jouvence est une œuvre qu’il convient d’observer avec minutie pour ne pas manquer ses détails humoristiques.

Le tableau s’appuie sur l’idée mythique du pouvoir purificateur et revitalisant de l’eau ; formellement, il reprend des scènes de baignade du Moyen-âge. C’est un thème fort, accrocheur, qui touche tous les publics. Le mythe de l’éternité, ça c’est vendeur. C’est là qu’il est bon Cranach, il nous propose du rêve ; et il en rajoute une couche en nous montrant des filles toutes nues.

A gauche, toutes les fripées de la création. Elles arrivent en brouette ou en chariot jusqu’au bassin. Et c’est là que débutent les pérégrinations érotico-sensuelles de nos donzelles. Les seins ballants et les pieds sales, les femmes se laissent examiner leur corps défraichi et nu par un vieux médecin tout de rouge vêtu. L’auscultation terminée, le bain peut commencer. Un pied puis deux, les frileuses ne tardent bientôt plus à se laisser glisser dans cette atmosphère mouillée, à gouter au doux plaisir d’une baignade à plusieurs dans une fontaine de campagne. Observez comme certaines balancent leur chevelure, d’autres encore nagent ou s’adonnent à des gestuelles étranges, indescriptibles. Elles paradent dans leur nouveau corps et la folie semble presque s’emparer de celui-ci.

Une fois leur expérience aquatique achevée, leur beauté d’antan retrouvée, les demoiselles ressortent du bassin vers la droite, là des gentilshommes les orientent  vers des tentes où elles vont se rhabiller pour ensuite rejoindre, au second plan, les joies juvéniles de la table, de la musique et de l’amour.

On peut noter qu’à une action se déroulant de gauche à droite, vient s’opposer le bassin représenté en raccourci, qui dirige le regard vers les profondeurs du paysage. Ce qui nous laisse dire que le détail anecdotique, l’emporte largement sur la forme générale.

 

En résumé, des femmes qui arrivent en brouette, qui se baignent et qui partent gambader toutes guillerettes, l’arrière train efflorant l’air, en chantant à tue-tête l’intense plaisir de retrouver sa jeunesse, et des papis qui les accueillent à bouche que veux-tu, les bras et les braguettes ouverts. C’est un tableau qui chante la vie, qui donne envie d'accéder au sublime, direction le paradis.
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